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Registre de transparence de l’UE : comment s’en servir ?

Un bon mapping implique de connaître toutes ses parties prenantes. Or, selon certaines estimations, il y aurait jusqu’à 25 000 lobbyistes à Bruxelles.

Pas facile d’avoir une approche holistique des activités de lobbying de ses concurrents dans ces conditions. C’est d’autant plus compliqué, qu’en plus du lobbying direct, de nombreuses entreprises passent par des cabinets de lobbying ou sont membres de fédérations.

Registre de transparence de l'UE

Les fédérations sont des syndicats européens ayant vocation a exercer des pressions sur la Commission au nom d’un secteur d’activité.

L’industrie pharmaceutique a même poussé le vice plus loin. Elle finance directement des associations de patients pour que ces dernières fassent du lobbying à leur place. Cynique, mais brillant.

Dans ce context, le Registre de transparence de l’UE peut s’avérer être un outil précieux pour mieux appréhender son écosystème.

Qu’est-ce-que le registre de transparence ?

Le registre de transparence est une base de données qui répertorie les lobbies qui tentent d’influencer le processus législatif de l’Union européenne.

Il permet de savoir quels sont les intérêts poursuivis, par qui et avec quels budgets.

L’inscription au registre de transparence est facultative, mais nécessaire. Sans inscription, il est très compliqué d’accéder au Parlement européen et il n’est normalement pas possible de rencontrer des fonctionnaires européens.

Les entreprises inscrites s’engagent à fournir des informations fiables. En cas de déclarations mensongères, elle peuvent perdre leurs accréditations auprès du Parlement et subir (à juste titre) l’hydre populaire.

Comment se servir du registre de transparence : le cas de Sanofi

Pour comprendre l’utilité du registre de transparence, je vous propose un cas pratique pour mesurer l’ampleur du lobbying de Sanofi. Afin de suivre ce cas pratique, je vous invite à parcourir la page dédiée à Sanofi sur le registre.

Première information: On connait ainsi les noms et prénoms des trois personnes que le laboratoire emploie à Bruxelles. Cela permettra de les suivre sur Twitter.

Fiche de Sanofi sur le registre de transparence

Deuxième information: on connait la fourchette des montants dépensés annuellement. En l’espèce, entre 1 et 1,25 million d’euros. Pas mal, surtout avec seulement trois employés..!

Les montants dépensés par Sanofi en lobbying

Troisième information: la liste des cabinets et fédérations associées à Sanofi. C’est l’information la plus importante.

Pour mettre en place une veille efficace sur l’activité de Sanofi, il convient donc de l’étendre à ces entités: AESGP, AFEP, EBE, EPFIA, Vaccines Europe, Europabio.

Autre donnée intéressante, Sanofi finance de nombreux think-tanks à Bruxelles (Bruegel, Friends of Europe, etc). Une donnée à garder en tête s’ils l’un d’entre eux venait à publier un policy paper..!

Identifier les cabinets de lobbying utilisés par vos opposants

Enfin et surtout, la liste des cabinets avec lesquels travaille Sanofi:

  • Entre 200 000 et 300 000€ chez Edelman;
  • Un montant qui n’est pas connu chez Acumen Public Affairs et chez HIMSS Europe;
  • Entre 50 000 et 100 000€ chez Fleishman-Hillard. Non déclaré sur la page de Sanofi, mais présent sur celle du cabinet;
  • Plusieurs fois 10 000€ auprès de cabinets de lobbying qui ne sont pas mentionnés sur la page de Sanofi. Comment les trouver ? En rentrant la requête ‘Sanofi’ dans le moteur de recherche du registre de transparence et en ouvrant tous les liens. Il s’agit de Burson Cohn & Wolfe Sprl, Global Regulatory Communications, FIPRA International Limited, Institutions & Stratégies.

L’étude des clients de ces cabinets révèle parfois des surprises. Prenons par les déclarations de Rhodes Public Policy, un excellent cabinet de lobbying spécialisé en santé.

Ce dernier représente à la fois les associations de patients ayant besoin de médicaments dérivés du sang comme l’International Patient Organisation for Primary Immunodeficiencies ou The Alpha-1 Foundation et les producteurs de ces médicaments (Plasma Protein Therapeutics Association). Cocasse, non ?

Le Registre de transparence de l’UE : un outil incomplet mais puissant

Même s’il n’est pas complet, le Registre de transparence demeure donc un outil extrêmement puissant, notamment pour mettre en place sa veille. Même si tout n’est pas parfait, les entreprises jouent plutôt bien le jeux. Pensez donc à le surveiller régulièrement !


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